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051216 - Pamuk, Turquie L'écrivain devrait comparaître aujourd'hui devant la justice
Le FIGARO 16/12/05
L'affaire Pamuk relance la question arménienne Turquie L'écrivain devrait comparaître aujourd'hui devant la justice. Il est accusé d'«insulte délibérée à la nation».
Marie-Michèle Martinet
[16 décembre 2005]

LE PROCÈS de l'écrivain turc Orhan Pamuk, qui doit s'ouvrir ce matin, à 11 heures, à Istanbul, est suspendu à une décision du ministre de la Justice,
Cemil Cicek. Le tribunal a estimé qu'une autorisation préalable du ministre était nécessaire pour instruire le dossier. Le romancier est accusé d'«insulte
délibérée à la nation» pour avoir évoqué des pages noires de l'histoire turque.
Dans une interview, en février, il avait affirmé que «trente mille Kurdes et un million d'Arméniens ont été tués en Turquie».


En rappelant à ses concitoyens le génocide arménien de 1915, que la Turquie continue de nier, Pamuk ne mesurait pas à quel point il réveillait un vieux
démon. Ses propos, jugés scandaleux par une majorité de la population, tombent sous le coup de l'article 301 du nouveau code pénal, qui, de l'avis de nombreux
juristes, donne un tour de vis à la liberté d'expression. Mais la cour chargée du dossier vient d'annoncer que l'ancien code pénal, en vigueur au moment des faits, serait appliqué et qu'un feu vert ministériel était nécessaire à l'ouverture de l'instruction.

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Ce rebondissement dans cette affaire médiatisée, qui implique un écrivain de renommée mondiale récemment pressenti comme Prix Nobel de littérature,
ressemble fort à une dérobade des juges. Car le même tribunal de Sisli a déjà jugé, en octobre, le journaliste arménien Hrant Dink, condamné à six mois de prison avec sursis sous le même chef d'inculpation, pour des faits remontant également à février.

Erdogan dans l'embarras

C'est donc maintenant au seul ministre de la Justice que revient la lourde responsabilité d'une décision qui met le gouvernement dans l'embarras. Dans
tous les cas, le terrain est miné : si le ministre de la Justice rejette la demande d'autorisation réclamée par les juges, il bloque la procédure et s'attire les foudres des nationalistes. Et s'il donne son accord, il remet en cause le principe de l'indépendance de la justice, tout en compliquant le jeu du gouvernement dont il fait partie. Le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, qui s'est fait le chantre de la candidature européenne de la Turquie, aurait en
effet bien du mal à justifier un tel choix devant ses partenaires de Bruxelles.

Abordant récemment la question des minorités, le représentant de la Commission européenne en Turquie, Hansjoerg Kretschmer, a lancé une mise en garde,
déclarant que, selon les standards européens, la Turquie ne pourrait indéfiniment agir «selon la position défensive du traité de Lausanne», qui,
depuis 1923, précise les limites des droits accordés aux seules communautés juive, arménienne et grecque. La réponse du ministère turc des Affaires
étrangères n'a pas tardé : «Les dispositions du traité concernant les minorités sont assez claires pour ne pas avoir à être interprétées», a tranché le
porte-parole, Namik Tan.

Il n'en demeure pas moins que le procès d'Orhan Pamuk fait figure d'épouvantail pour les Turcs : «La Turquie se suicide si elle juge Pamuk», pronostique Bedri Baykam, le chef de file du très kémaliste Mouvement patriotique, proche du parti d'opposition, CHP. Baykam annonce que son groupe manifestera ce matin, devant le tribunal de Sisli, pour exhorter la cour à ne pas juger le romancier.
«Afin, dit-il, de ne pas faire de lui un martyr.»

V.V

 
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