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16 05 2007 - Les Arméniens d’Hamshen musulmansPublié
http://www.yevrobatsi.org/st/item.php?r=2&id=3035
le : 06-05-2007 (A.Melikian)
Entre 25 000 et 30 000 Arméniens d’Hamshen musulmans, parlant arménien, vivent dans la région de Khopa en Turquie. Entretien avec Sergey Vardanyan, philologue, vice-président de l’ONG Solidarité patriotique Hamshen, rédacteur en chef du mensuel Hamshen Voice (traduction Georges Festa) Selon les éminents historiographes Ghevond et Hovnan Mamikonyan, en 789-790, pendant la domination arabe en Arménie, Shapuh Amatuni, son fils Hamam et 12 000 de leurs sujets quittèrent la province de l’Ararat pour la côte sud-est de la mer Noire, qui faisait alors partie de l’empire byzantin. Hamam Amatuni bâtit une ville, qu’il appela Hamamashen, nom qui évolua en Hamshen. La principauté arménienne de Hamshen fut semi-indépendante sous la domination des empires de Byzance et de Trébizonde, de Timour Lenk [Tamerlan] et des Turkmènes. Mais, à partir de 1489, la principauté arménienne de Hamshen, qui avait survécu 700 ans, devint une partie de l’empire ottoman. En dépit de tout, les Arméniens Hamshen ont conservé leur statut semi-indépendant. M. Vardanyan, chacun sait que les Arméniens d’Hamshen furent soumis comme ailleurs à une vague d’islamisation. Comment cela s’est-il passé et combien d’Arméniens d’Hamshen ont adopté l’islam ? L’histoire de l’islamisation des Arméniens d’Hamshen est très lacunaire et peu de faits ont été conservés. La première raison est qu’Hamshen se trouvait aux frontières de l’Arménie et, en second lieu, que beaucoup de matériaux furent perdus ou détruits après 1915. C’est en vérité l’histoire de toute l’Arménie occidentale. Selon les informations disponibles, on peut dire que le processus d’islamisation fut rapide dans la région d’Hamshen au début du 18ème siècle. Quelques Arméniens, convertis par la force à l’islam, devinrent musulmans pour la forme, espérant que cette vague passerait et qu’ils pourraient revenir au christianisme. Certains d’entre eux, d’ailleurs, y parvinrent. Beaucoup de gens périrent dans ce processus, certains fuirent vers d’autres provinces. Nous n’avons pas d’estimations. Les documents turcs ne mentionnent pas combien de musulmans vivant dans tel village étaient arméniens, grecs ou d’autres nationalités auparavant. Chose intéressante, selon l’ouvrage de Yeremeyev, Les Origines des Turcs, les Turcs (y compris les Azerbaïdjanais), sont la seule nation qui changea de race. C’est-à-dire qu’étant d’ascendance mongole, ils se transformèrent racialement en Caucasiens. Cela se produisit au prix des Arméniens, des Perses, des Grecs, des Slaves et des autres nationalités assimilées par les Turcs. Certains de ces peuples assimilés ne se rappellent même plus à quelle nationalité ils ont appartenu. Les nouveaux convertis, naturellement, le savent tous, mais les générations suivantes ont perdu cette mémoire. Certains Arméniens d’Hamshen ont préservé leur langue jusqu’à maintenant. Ceux qui parlent arménien savent que leurs ancêtres étaient des Arméniens qui adoptèrent l’islam. Comment cela se produisit est une autre question. Pour être clair, les Turcs aimeraient dire qu’ils adoptèrent volontairement l’islam. Or les spécialistes savent que ces conversions furent le résultat de massacres. Combien y a-t-il ici d’Arméniens d’Hamshen musulmans parlant l’arménien ? Entre 25 000 et 30 000 Arméniens d’Hamshen musulmans, parlant arménien, vivent dans la région de Khopa en Turquie. Mais la majorité des Hamshentsis de Bash, qui vivaient véritablement à Hamshen, ont oublié leurs origines arméniennes. Les Hamshentis de Bash vivent aussi à Istanbul, en Allemagne et dans d’autres pays. Vivant près de la frontière turco-russe, les Arméniens d’Hamshen parvinrent à fuir en Russie par la mer lors des massacres de 1894 à 1923 ; en outre, ils se défendirent contre leurs agresseurs. Avant les massacres de Trébizonde en 1895, les Arméniens d’Hamshen songeaient à quitter la Turquie. Pendant cette période, ils partirent vers les rivages russes – l’Abkhazie, Sotchi – par bateau. En 1915 le nombre des fugitifs augmenta. Parallèlement, un mouvement de résistance, les Fedayin, apparut. Les Arméniens chrétiens de la province de Trébizonde gagnèrent les montagnes et créèrent des unités de défense. Certaines familles d’Arméniens musulmans furent massacrées, car elles parlaient arménien, et les Turcs se méfiaient d’elles. Les Arméniens combattirent de 1915 à 1923. Les derniers réfugiés et fedayin atteignirent les rivages russes en mai 1923. Ce fut un conflit de huit années sans précédent. Mais cette lutte n’avait pas été étudiée convenablement. J’ai de nombreux documents dans mes archives personnelles ; il y des documents ailleurs aussi, mais il n’y a aucun moyen de les publier. - A-t-on quelque idée des Arméniens d’Hamshen qui furent victimes des massacres ? - Il est difficile de citer des données chiffrées sur ces massacres. Selon un prêtre arménien, qui fut témoin des massacres de 1895 et qui fut chargé par les Turcs d’enterrer les corps des victimes, il déclara ignorer lui-même leur nombre. Le chiffre est peut-être conservé dans les archives turques. Qu’arriva-t-il aux Arméniens d’Hamshen qui partirent en Russie ? La Russie accueillit chaleureusement les Arméniens chrétiens d’Hamshen, car elle avait un problème de peuplement dans les régions côtières de la mer Noire. Les Arméniens accoutumés aux régions marécageuses furent capables d’y développer une industrie du tabac. Il y a aussi des Arméniens musulmans d’Hamshen en Russie et en Asie centrale, estimés actuellement à trois ou quatre cents personnes. Voici comment ils arrivèrent en Asie centrale : après la démarcation en 1921 de la frontière russo-turque, plusieurs villages peuplés d’Arméniens musulmans d’Hamshen et la population de nationalité laz se retrouvèrent à l’intérieur des frontières de l’Union Soviétique (en Adjarie), puis, en 1944, sur ordre de Staline, avec les Turcs Meskheti et d’autres musulmans de la région, les Arméniens d’Hamshen furent déportés en Asie centrale. En 1984 et en 1987, j’ai voyagé au Kazakhstan, en Ouzbékistan et au Kirghizistan afin d’étudier l’ethnographie et l’histoire des Arméniens d’Hamshen. Au cours de nos conversations, les plus anciens se souvenaient encore de la période du génocide. Au village de Chirkino, dans la province de Chikmend au Kazakhstan, Iskhak Karaibrahimov (Tchermakyan, né en 1888 dans le village de Gonio en Adjarie) m’apprit qu’il offrit l’asile à 18 Arméniens qui s’étaient enfuis d’Ardvin et d’autres endroits, et qu’il les aida ensuite à gagner des endroits plus sûrs à travers les forêts. A Chirkino j’ai aussi rencontré Khaula Shabanoglu (née en 1898 au village de Chaushli), qui fut témoin de la barbarie avec laquelle les Turcs massacrèrent les Arméniens d’Ardvin. Selon son récit, les Turcs rassemblèrent les Arméniens musulmans d’Hamshen, puis les libérèrent, apparemment parce qu’ils étaient musulmans. A Kyzil-Kiya, au Kirghizistan, Dursun Karabajakoglu (né en 1905 à Gonio, en Adjarie) m’apprit que, durant la Première Guerre mondiale, sa famille se rendit à Charchakhana, où vivaient ses oncles. En 1915, un de leurs proches, Osman Musoglu, voulant quitter la zone de guerre, décida de partir de Charchakhana pour aller à Constantinople, mais, comme il parlait en arménien à bord du bateau, les Turcs massacrèrent toute sa famille et jetèrent les corps à la mer. Selon Dursun Karabajakoglu, bien qu’il était petit à cette époque, tous les enfants du village savaient qu’il était dangereux de parler arménien. Les Turcs auraient dit qu’après le massacre des Arméniens chrétiens, viendrait le tour des Arméniens musulmans, car, après tout, c’étaient des Arméniens. Etes-vous en contact avec les Arméniens d’Hamshen en Asie centrale et dans d’autres régions ? A cette époque, j’ai invité des Arméniens d’Hamshen d’Asie centrale à visiter l’Arménie ou bien j’allais les voir. Je souhaitais éveiller leur conscience nationale. Je voulais emmener environ 30 familles musulmanes d’Asie centrale et environ une centaine de familles chrétiennes d’Abkhazie. Mais ces projets furent interrompus à cause du tremblement de terre de 1988 et du mouvement au Karabagh. Les Arméniens musulmans d’Hamshen en Asie centrale n’ont pas de famille ici et c’est pourquoi il n’y a pas de contacts. Et pour effectuer des recherches ici, des moyens sont nécessaires. Mais je dois préciser qu’en 1984 les Arméniens musulmans d’Hamshen quittèrent l’Asie centrale pour les villages de la région d’Apsheron, dans la province de Krasnodar [Russie], car l’Asie centrale était devenue un environnement hostile pour eux. A Krasnodar, les Arméniens chrétiens et musulmans d’Hamshen diffèrent surtout entre eux par leurs religions. Toutefois, la génération de l’époque soviétique des Arméniens musulmans d’Hamshen a peu de sentiments religieux, car ils communiquent difficilement avec les mosquées, les mollahs ou le Coran. Actuellement, nous avons des contacts étroits avec les Arméniens d’Hamshen en Abkhazie et à Krasnodar. Notre ONG Hamshen leur envoie gratuitement la plupart des exemplaires de notre mensuel Voice of Hamshen. Ceux qui vivent en Arménie leur rendent visite et réciproquement. J’ai aussi des contacts avec des chauffeurs de camions arméniens d’Hamshen, qui acheminent des marchandises depuis la Turquie. Quelquefois, je demande leur aide pour mes recherches liées au dialecte et au folklore local. Donc aujourd’hui, les Arméniens d’Hamshen habitent principalement en Turquie, dans la province de Krasnodar, en Abkhazie, en Asie centrale et en Arménie. Savez-vous combien d'Arméniens d'Hamshen vivent dans notre pays ? Dans les années 1980 et 1990, nous estimions leur nombre en Arménie à 10 000. Ce chiffre est relatif, car la définition des Hamshentsi est très générale, tout comme d’autres définitions semblables. Lorsque nous parlons des Hamshentsi, nous parlons de ceux qui ont quitté la ville d’Hamshen, ou de leurs descendants et qui parlent le dialecte d’Hamshen. Cependant, la charte de notre organisation stipule que cela comprend les Arméniens d’Abkhazie, des provinces de Krasnodar et de Trébizonde, et de leurs descendants, et aussi ceux qui veulent contribuer au maintien de la présence arménienne dans ces régions. Autrement dit, un Sassountsi peut devenir membre de notre organisation. Malheureusement, à l’heure actuelle, une centaine à peine de personnes assistent à nos réunions. Beaucoup de gens ont émigré, mais il y a encore bon nombre d’Hamshentsi en Arménie. Entretien réalisé par Vahé Sarukhanyan Photographies de Sergey Vardanyan et Ruben Mangasaryan

V.V

 
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